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Rud'Est Unity

Webzine dédié aux SUBCULTURES de l'Est de la France ... et d'ailleurs!

ALTON ELLIS

Publié le 25 Janvier 2014 par Rud'Est Unity in Interviews - Biographies

ALTON ELLIS

De Studio One à Treasure Isle... de Coxsone DODD à Duke REID... la carrière de ce chanteur, à la voix incomparable, nous emmène dans les entrailles de la Jamaïque! "Mister Soul" était son surnom, James BROWN son idole, la danse son premier amour et le Rocksteady son oeuvre... Vous l'aurez sans doute reconnu... Alton ELLIS!

A Kingston, nous sommes le 1er septembre 1938 et une arrivée va bouleverser à tout jamais la musique jamaïcaine... Alton ELLIS est né!

Il grandit au coeur de Trenchtown, le ghetto le plus défavorisé de l'île. Une terre fertile pour chanteurs et musiciens, c'est de là que viennent Ken BOOTHE, Joe HIGGS, Peter TOSH, Jimmy CLIFF et bien sûr Bob MARLEY. Le jeune Alton apprend le piano au sein de sa famille de musiciens pendant que les autres enfants de son âge apprennent à jouer aux dominos. Déjà il comprends le rôle essentiel de la mélodie dans les chansons qu'il commence à interpréter. Ce fan de James BROWN s’éprend de cette soul naissante comme tous les adolescents jamaïcains des années 50...

ALTON ELLIS

Aves son ami Eddy PERKINS, ils font un passage dans un radio crochet et interprètent le titre "Muriel"... Nous sommes en 1959, ils rencontrent pour la première fois leur public et gagne le concours haut la main. Le duo Alton & Eddy est tout de suite pris en main par Coxsone DODD, le patron du principal studio d'enregistrement du pays: Studio One! Grâce à ce dernier, "Muriel" envahit les ondes avec succès ainsi que l'île entière...

Ils enregistrent quelques autres titres, toujours à Studio One, mais Eddy à les yeux rivés sur le large: les Etats-Unis. Le duo se sépare brusquement et Eddy PERKINS réalise enfin son rêve...

(photo: Alton & Eddy)

Le jeune Alton est seul, amer, avec le sentiment d'avoir été lâché en pleine course, quitte la chanson pour travailler dans une imprimerie de Kingston avec ses ambitions artistique au placard... Mais, heureusement pour nous, ce fut de courte durée! Alton ELLIS rencontre John HOLT et les deux compères forment un nouveau duo qui, hélas, fut encore plus bref que le premier. En effet, John HOLT le quitte pour monter le groupe mythique The PARAGONS, qui ne tarde pas à enflammer la Jamaïque avec le titre "On The Beach". Alton, de nouveau, retourne à l'imprimerie avec comme seul idée... la musique!

ALTON ELLIS

Nous sommes en 1962, la Jamaïque devient indépendante et explose de joie aux rythme du ska. Les disques de James BROWN & the Famous Flames continu de tourner sur la platine de Alton. Il sent que la soul de son idole pourrait être transposé sur les musiques de l'île. Ainsi, tel un hommage, il créé le groupe qui accompagnera ses succès: The FLAMES!

(photo: Alton ELLIS & the FLAMES)

ALTON ELLIS

A force de persévérance, c'est le label du principal concurrent de Coxsone qui produit ses premiers succès solo, dont le nom ainsi que ses productions se propagent très rapidement sur la Jamaïque: Treasure Isle, le studio tenu par le très caricatural Duke REID! C'est la nouvelle maison de cet artiste par qui vient le changement. REID, l'ancien flic au comportement de gangster, possède un sound system où les habitants de Kingston viennent s'amuser. Les distraction sont rares sur cette île pauvre qui commence à vivre ses premières désillusions quelques années à peine après l'accession à l'indépendance...

(photo: Duke REID et son Sound System)

Chômage et misère, les ghettos se referment sur eux-même. Violence et drogue apparaissent comme rares exutoires à la colère des Rude Boys! Et c'est à ces "rebelles" que Alton ELLIS doit son grand succès...

Nous sommes en 1965, les titres "Cry Tough", "Don't Trouble People" et surtout "Dance Crasher" font un carton... Cette dernière raconte l'histoire de BUSBY, un jeune Rude Boy, et est un appel à l'arrêt des violences. A cette époque, la situation du pays empire chaque jour et devient de plus en plus extrême. Les gangs sévit sur l'île et contamine jusqu'à la vie politique...

ALTON ELLIS

Nous sommes en juin 1966, l'état d'urgence est déclaré pendant un long mois. Le ska se transforme et ce, par la danse. Alton ELLIS qui se rêvait danseur comme son idole durant son enfance, n'a donc aucun mal à s'imprégner de cette mutation et livre tout son art en le consacrant à ce nouveau style dont il est l'un des pères: le ROCKSTEADY!

C'est de la soul à la sauce Kingston. Cette musique apparue un jour qu'il enregistre sans bassiste, avec Jackie MITTOO à l'orgue et offre une nouvelle révolution à l'industrie musicale jamaïcaine. Vêtu d'une chemise en lin blanche et d'une fine cravatte noire, Alton offre "(Get Ready) Rock Steady" et la Jamaïque se lève comme un seul homme pour danser comme jamais auparavant...

(photo: Alton ELLIS)

ALTON ELLIS

Chez Treasure Isle, REID réalise pour ELLIS tous ses tubes ainsi que des duos d'anthologies avec sa soeur Hortense ELLIS, Phyllis DILLON, etc... sans oublier de nombreuses reprises de soul américaines. C'est de là que le public l'honore en l'appelant "Mister Soul".

Alton ELLIS est devenu une icone et jamais auparavant ce pays n'avait connu d'aussi grande star.

Nous sommes en 1968, Alton est le seul artiste qui enregistre pour le compte de Duke REID et de Clement "Coxsone" DODD, les deux rivaux. En redoutable business man, DODD propose à "Mister Soul" de s'envoler pour l'Angleterre, accompagné de Jackie MITTOO et des "Soul Vendors"!

(photo: Alton ELLIS)

En effet, à Londres, un grand nombre de jamaïcains ont trouvé refuge pour échapper aux violences et aux chômages de leur pays. Les Rude Boys et Rude Girls emmènent avec eux toute leur culture musical, et ça DODD l'a bien compris. C'est donc sans hésiter que Alton accepte ça proposition et s'envole pour l'Angleterre.

ALTON ELLIS

"Mister Soul" comprend rapidement que son avenir peut se jouer là plutôt qu'en Jamaïque. Les Rude Boys & Girls sont présent ainsi que les Mods, Peanuts (Hard Mods), Suedeheads, Smoothies, Bootboys et Skinheads qui dévorent à longueur de journée de la music black (ska, reggae, soul, r'n'b, jazz, ...). Alton est aux anges! En plus de jouer devant un public de connaisseur, c'est la première fois qu'il se produit pour un public blanc et noir...

(photo: rude boys et skinhead)

De retour au pays, il grave pour Studio One quelques-uns de ses plus grands succès: "Willow Tree", "Sitting In The Park" et "I'm Just A Guy".

ALTON ELLIS

iNous sommes en 1970, ELLIS enregistre pour DODD l'un de ses meilleurs album de chez Studio One: "Sunday Coming". S'ensuit une tournée aux Etats-Unis, Canada, ... et de nouveau l'Angleterre.

Nous sommes en 1973, Alton s'installe logiquement à Londres de façon définitive et monte un magasin de disque au sud de la capitale, ainsi que son propre label: ALTONE RECORDS. Ce label lui permet de rester actif dans le monde musical et de contribuer au développement du "Lover's Rock", un dérivé romantique du reggae.

(photo: album "sunday coming")

ALTON ELLIS

Durant les années 80, il enchaîne les concerts et s'il n'innove plus comme dans les années 60, il vit une carrière consacrée au Rocksteady dont il est l'un des maîtres.

Décoré par la plus haute distinction de la Jamaïque, Alton ELLIS oeuvre toute sa vie pour le meilleur de la musique devenant, avec Bob MARLEY, une des figures les plus reconnus loin des rivages jamaïcains.

Nous sommes en octobre 2008, dans la nuit du 10 au 11, il décède des suites d'un cancer. Avec plus de vingt enfants, c'est en patriarche qu'il s'éteint. Le ciel semble pleurer sur Kingston à l'annonce de sa mort... Alton ELLIS alias "Mister Soul", sans nul doute l'artiste jamaïcain ayant le plus influencé ses compatriotes musiciens...

(photo: Alton ELLIS)

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M
J'adore merci pour la biographie !
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